Cash burn et runway : comment les calculer et les piloter efficacement
Comprendre la logique du cash burn et du runway
Dans un contexte où la trésorerie est devenue le premier indicateur de survie et de performance, comprendre et piloter son cash burn et son runway n’est plus réservé aux start-up. Ces notions, longtemps cantonnées aux entreprises en forte croissance, concernent aujourd’hui toute organisation soucieuse de sa résilience financière.
Un cash burn mal estimé, un runway surévalué ou une lecture comptable du cash plutôt qu’économique peuvent fausser la trajectoire et retarder les décisions structurantes.
Le cash burn : mesurer la consommation réelle de trésorerie
Le cash burn correspond à la consommation nette de trésorerie sur une période donnée (souvent mensuelle). Ce calcul mesure la vitesse à laquelle l’entreprise consomme son cash disponible.
La première erreur consiste à le déduire du compte de résultat ou d’un simple solde bancaire. Le cash burn doit être déterminé à partir des flux réels de trésorerie, ventilés par grande nature de flux :
- Flux d’exploitation : encaissements clients, paiements fournisseurs, salaires, charges sociales et fiscales ;
- Flux d’investissement : acquisition d’actifs, développement produit, projets IT, R&D capitalisée ;
- Flux financiers : levées de fonds, dettes, remboursements d’emprunts, dividendes.
Cette segmentation distingue clairement ce qui relève de la performance opérationnelle, des choix d’investissement ou de financement.
Le cash burn n’est pas un indicateur figé : il évolue en fonction de la saisonnalité, du modèle économique et des décisions stratégiques.
Projeter le cash burn : la valeur du scénario
Projeter son cash burn n’a de sens que si l’on s’appuie sur des hypothèses business cohérentes et des scénarios multiples :
- Base case : scénario le plus probable, fondé sur les prévisions actuelles de revenus et de coûts ;
- Best case : hypothèses optimistes (croissance accélérée, signature de nouveaux contrats, meilleure maîtrise des charges) ;
- Worst case : hypothèses dégradées (retards d’encaissements, baisse d’activité, hausse de coûts fixes).
Ces scénarios permettent d’évaluer la sensibilité du cash à la performance économique et d’anticiper les besoins de financement.
Le cash burn prévisionnel se calcule pour chaque scénario à partir du net cash flow mensuel :
Cash burn mensuel = Encaissements – Décaissements
Cette approche donne une lecture dynamique de la consommation future de trésorerie, mois par mois, et alimente les décisions de pilotage (accélération, ralentissement ou levée complémentaire).
Le runway : combien de temps votre trésorerie vous permet-elle d’avancer ?
Le runway mesure le nombre de mois restant avant d’atteindre un solde de trésorerie nul, à cash burn constant. C’est un indicateur de survie, mais aussi un outil d’aide à la décision stratégique.
Runway = Trésorerie disponible / Cash burn mensuel moyen
La fiabilité de cet indicateur dépend de la qualité du solde de trésorerie utilisé. Il convient de se baser sur la trésorerie réelle en date de valeur, et non sur une vision purement comptable.
Une trésorerie “comptable” inclut souvent des montants non encore encaissés ou des décaissements différés ; une trésorerie “en valeur” correspond à ce qui est effectivement mobilisable.
Dans un contexte de tension ou de levée de fonds, cette distinction peut représenter plusieurs semaines de différence et parfois la frontière entre sérénité et urgence.
Ne pas se laisser piéger par les moyennes mensuelles : anticiper les tensions intramensuelles
Le calcul du cash burn et du runway donne une vision utile, mais moyennisée. Cette approche masque souvent les variations intramensuelles qui peuvent fragiliser la trésorerie, même lorsque le runway semble confortable.
Une entreprise peut afficher six mois de visibilité tout en connaissant un creux critique à J+10 ou J+20, simplement en raison du décalage entre encaissements clients et décaissements sociaux, fiscaux ou fournisseurs.
Pour éviter ces angles morts, il est essentiel de compléter l’analyse par :
- une prévision de trésorerie à court terme (13 semaines), glissante et révisée chaque semaine ;
- une estimation du besoin intramensuel maximum, permettant d’identifier le pic de tension et de calibrer les solutions de financement court terme (découvert, ligne RCF, mobilisation de créances).
Ce double niveau de lecture, moyen terme via le cash burn et court terme via la prévision glissante, permet de maîtriser la liquidité avec finesse et d’anticiper les tensions plutôt que de les subir.
Du diagnostic à la gouvernance de la trésorerie
La mesure et la projection du cash burn et du runway ne doivent pas rester des exercices ponctuels. Elles s’inscrivent dans une gouvernance continue de la trésorerie, articulée avec la stratégie de financement et la performance opérationnelle.
Un pilotage efficace suppose :
- un reporting consolidé, rapprochant données historiques et prévisions ;
- une revue régulière des hypothèses business et financières ;
- une actualisation des scénarios pour anticiper les besoins de cash ;
- et une lecture partagée entre DAF, direction générale et investisseurs.
Le cash burn et le runway ne sont pas que des indicateurs de risque : ce sont des outils de pilotage stratégique, au croisement de la performance, du financement et de la gouvernance.
En synthèse
- Le cash burn mesure la vitesse de consommation du cash.
- Le runway indique la durée de vie de la trésorerie à cash constant.
- Les variations intramensuelles imposent une prévision courte et dynamique.
- Leur pilotage repose sur une approche segmentée, scénarisée et pragmatique.
Maîtriser ces indicateurs, c’est replacer la trésorerie au cœur du pilotage stratégique : non comme une donnée comptable, mais comme un signal vital de performance et de décision.
Conclusion : structurer un pilotage de trésorerie exigeant
Les dirigeants et investisseurs les plus performants partagent un point commun : une lecture fine, anticipée et partagée du cash.
Le pilotage du cash burn et du runway ne se limite pas à calculer un indicateur ; il s’agit de bâtir une véritable culture de la trésorerie, capable d’éclairer la stratégie à court et moyen terme.
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