Publié le
27/8/2025

Prévisions de trésorerie : piloter, anticiper et choisir le bon modèle

Hugo Grandperrin
Associé fondateur FLOWEN Finance
Sommaire

Prévisions de trésorerie : piloter, anticiper et choisir le bon modèle

Pourquoi mettre en place une prévision de trésorerie?

La trésorerie est l’élément vital de l’entreprise. Une prévision fiable permet d’anticiper les besoins financiers, les tensions à venir, les leviers à activer, de sécuriser les paiements et de dialoguer avec ses partenaires.

En croissance comme en crise, c’est un outil stratégique qui aide à prendre des décisions éclairées et à éviter les ruptures de liquidité mais le format et la finalité de la prévision n’est pas la même selon le contexte.

Les prévisions de trésorerie prennent des formes très diverses selon :

  • L’horizon : court terme, moyen terme ou long terme.
  • Le découpage : jour, semaine, décade, mois ou trimestre.
  • La fréquence de mise à jour : quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, trimestrielle.
  • L’approche retenue : directe (flux) ou indirecte (variations bilancielles).

Deux grandes méthodes coexistent et peuvent se combiner pour offrir un pilotage complet : la méthode directe ou indirecte.

Modèle direct : gérer la trésorerie à court terme

Le modèle direct repose sur une équation simple :

Trésorerie d’ouverture + Encaissements prévus - Décaissements prévus = Trésorerie de clôture prévisionnelle

Caractéristiques clés

  • Horizon : souvent 13 semaines glissantes, mais peut être plus court ou plus long selon le besoin. Son pas est souvent hebdomadaire mais peut-être ajusté à la situation (jours, décades, mois).
  • Sources de données :
    • Historiques des flux réalisés
    • Flux confirmés à venir (balances âgées clients/fournisseurs, charges fixes, échéanciers de dettes, taxes, capex, loyers, charges sociales, etc.)
    • Flux estimés à venir (carnet de commandes, engagements d’achats)
    • Flux probables (budget, expérience management, risques identifiés)
  • Mise à jour : prévisions glissantes remplacées par le réalisé, ajout d’une nouvelle période et analyse des écarts

Acteurs impliqués

Le DAF, le trésorier ou le cash controller assurent la consolidation ou la production de la prévision selon le périmètre. Les contributeurs opérationnels (filiales, directions commerciales, achats) alimentent les prévisions, ce qui favorise la diffusion d’une culture cash. La prévision ne doit pas être réalisée en « chambre » sans interaction ni partage.

Outils

  • Tableurs sécurisés (Excel, Google Sheets)
  • Outils et solutions SaaS dédiés

La mise à jour de la prévision et du réalisé doit être organisée pour limiter au maximum les retraitements manuels et surtout pouvoir les pister facilement.

Cas d’usage

  • Couvrir à tout moment ses échéances fournisseurs et sociales
  • Ajuster le niveau d’escompte ou de mobilisation de créances
  • Activer les financements court terme
  • Piloter en contexte tendu ou de forte saisonnalité
  • Disposer d'une vision claire de sa trésorerie

Modèle indirect : anticiper le moyen et long terme

Le modèle indirect, ou EBE to Cash, ou EBITDA to Cash, projette la trésorerie à partir des données comptables et budgétaires en considérant l’impact cash lié à la variation des postes du bilan.

Structure type

  1. Flux d’exploitation : EBE/EBITDA - impôts +/- variation du BFR.
  2. Flux d’investissement : acquisitions/cessions d’immobilisations.
  3. Flux de financement : apports en capital, nouveaux emprunts, remboursements.

Acteurs impliqués

La prévision de trésorerie au format indirect est généralement portée par le DAF, le contrôle de gestion ou la fonction FP&A (Financial Planning & Analysis). Elle s’appuie sur le compte de résultat (P&L) et le bilan comme points de départ.

Avantages

  • Vision consolidée et intégrée aux états financiers prévisionnels
  • Support stratégique pour acquisitions, refinancements ou levées de fonds
  • Optimisation du coût de financement : emprunter juste ce qui est nécessaire
  • Respect et suivi des covenants bancaires
  • Suivi d’indicateurs clés : rotation des stocks, DSO (Days Sales Outstanding), DPO (Days Payable Outstanding)
  • Meilleure communication financière auprès des investisseurs et partenaires

Outils

  • Excel
  • ERP avec module budgétaire
  • Solutions de reporting et de consolidation financière dédiée

Cas d’usage

  • Élaboration du budget annuel et du business plan (12 à 36 mois)
  • Simulation d’investissements, fusions, acquisitions, cessions
  • Planification stratégique à l’échelle d’un groupe (financement interne, arbitrage de projets)

5 Bonnes pratiques pour fiabiliser ses prévisions

1. Définir clairement la notion de trésorerie : positions nettes actives/passives, trésorerie comptable ou disponible en banque (dates de valeur vs. dates d’opération), prise en compte des rapprochements bancaires et des cut-offs, etc.

2. Impliquer les bons acteurs : finance, commerce, achats, filiales.

3. Adopter une approche itérative et analyser les écarts : affiner progressivement les hypothèses pour réduire l’écart entre prévu et réalisé. L’analyse des flux passés est clé dans l’amélioration continue du processus prévisionnel.

4. Choisir un outil adapté : tableur ou solution spécialisée selon le périmètre et la fréquence d’actualisation. L’organisation cible doit limiter au maximum les retraitements manuels, qui nuisent à la fiabilité et à la pérennité des prévisions.

5. Déployer une organisation engageante : définir les bons niveaux de centralisation, assurer une remontée d’information fiable et un retour descendant vers les équipes impliquées. Cet aller-retour nourrit la culture cash au sein de l’entreprise et engage durablement le projet.

Modèle direct ou indirect : comment choisir ?

Direct → pour sécuriser la liquidité, avoir une vision fine à CT et piloter les actions nécessaires
Indirect → pour planifier sur 12 à 36 mois et éclairer les choix stratégiques

L’association des deux méthodes offre une vision complète :

  • la méthode directe garantit la sécurité opérationnelle,
  • la méthode indirecte trace la trajectoire financière.

Un rapprochement entre les deux est également à prévoir, avec une analyse des écarts observés. L’organisation des équipes (par zone ou périmètre, par exemple) et l’identification de KPIs communs facilitent ce travail, souvent complexe, de mise en cohérence.


Mettre en place une prévision de trésorerie fiable n’est pas une option : c’est un levier de performance, de sécurité et de crédibilité. Bien construite et régulièrement actualisée, elle devient un cockpit financier pour piloter votre activité dans toutes les conditions.

Chez Flowen Finance, nous accompagnons les entreprises, start-up, PME, ETI et scale-up dans la mise en place et l’optimisation de leurs prévisions de trésorerie. De la construction du modèle à la production et fiabilisation des scénarios, nous vous aidons à sécuriser votre visibilité financière et à gagner en agilité.

Prévisions de trésorerie : piloter, anticiper et choisir le bon modèle

Chaque situation est unique,
prenons le temps d’en discuter.

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